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  • Photo du rédacteurUne source au désert

Le Satan dans la Bible

Le Satan dans la Bible, est-ce que c'est d'un « esprit mauvais » dont il est question? Serait-il possible de clarifier…


C’est une question très importante car elle se trouve aux fondements de la compréhension de la vie spirituelle. Répondre qu’il s’agit d’un « esprit mauvais » oriente dans une direction qui a tendance à créer des mythologies. Oui, des mythologies avec des représentations du Mauvais, du Tentateur, du Diable ou encore celui que l’on appelle l’antique serpent des origines.


Dans Présence nue, j’ai réinterprété le récit dit de « la chute », ou si vous préférez, du « péché originel ». J’ai donné une interprétation anthropologique qui met en lumière ce que ce récit nous dit de l’humanité. Le Serpent, qui est le plus nu de tous les animaux, parle et redit la parole de Dieu en lui faisant subir une torsion majeure.


En effet, le serpent prétend que Dieu est un jaloux menteur car il ne donne pas la vie pour de vrai puisque nous devons mourir. Ce qui interroge, c’est que des serpents qui parlent, cela n’existe pas dans la réalité, mais c’est possible dans un univers fantasmatique. Un serpent qui parle ne peut que représenter ce qui est le plus nu dans notre humanité : notre finitude.


C’est justement ce sur quoi porte le discours que le serpent tient à Ève. Il prétend que Dieu est un jaloux et un menteur car il n’aurait pas dit la vérité. Parce que l’homme meurt, le serpent laisse entendre que la vie ne serait pas donnée pour vrai, car Dieu se la réserverait toute entière à lui-même. N’est-ce pas devant notre mort à venir que nous nous trouvons dans notre plus grande fragilité? C’est à cela que correspond la nudité du serpent.


Anthropologiquement parlant, nous nous retrouvons devant un serpent, mais aussi un Tentateur, un Accusateur, un Satan qui n’a pas d’existence en-lui-même. Il ne doit la force imaginaire qu’on lui prête qu’à l’intensité de la peur que nous avons de la mort imaginée comme la fin de tout et de la disparition dans le néant. On n’a donc pas besoin d’un ennemi extérieur. Notre peur construit cet ennemi en le faisant paraître comme une entité extérieure avec laquelle on doit se battre de toutes nos forces pour le conjurer. Comme nous n’y arrivons pas, nous en faisons un anti-Dieu que Dieu seul pourrait vaincre.


Nous créons cet univers fantasmatique tout bonnement sans même nous en rendre compte. Ainsi l’expérience spirituelle se trouve dénaturée, car même Dieu, nous le concevons dans l’extériorité là-même où nous affirmons qu’il nous habite.


Sans une lecture anthropologique, nos propres mouvements intérieurs nous déroutent sans que nous ne le sachions. Cette lecture remet les pendules à l’heure en en démontant les ressorts inconscients.


Il s’agit donc d’une lecture décapante et iconoclaste au sens où elle désacralise ce qui a été sacralisé par erreur en toute bonne foi. On n’a nullement besoin de sacraliser certains de nos propres mouvements interne en les diabolisant.


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