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accompagnement spirituel

Accompagnement

« La vie parle au cœur sans bruit de paroles,
tandis que l’humain est tout occupé à discourir
en croyant devoir sa vie au fruit de son activité. »

Claude Mailloux

Accompagnement spirituel en anthropologie ouverte

Claude Mailloux
Intervenant en soins spirituels
Hôpital général de Montréal du CUSM
Membre de la section du Québec de l’Association canadienne des soins spirituels.

Qu’est-ce que l’accompagnement spirituel en anthropologie ouverte?

Il est important de savoir que l’accompagnement spirituel en anthropologie ouverte ne fonctionne pas dans des horizons psychologiques et religieux spécifiques. C’est une approche qui se démarque des autres. Prenons le temps de survoler rapidement diverses mouvances pour comprendre le changement d’horizon qui est proposé. Dans une démarche psychologique, on s’attend à travailler des points précis comme le deuil, la violence, l’anxiété, la dépression, etc. Le, ou la, thérapeute guide l’aidé de manière à atteindre ses objectifs, mais c’est ce dernier qui fait tout le travail. La thérapie vise à renforcer le « moi » du client. De plus, la psychothérapie est une pratique réservée aux psychologues et aux psychothérapeutes reconnus pas l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ). Le traitement se fait à partir de modèles de psychologie proposés par diverses écoles de pensée, par exemple : les approches rogériennes, la gestalt, le mouvement cognitif-comportemental et bien d’autres. Souvent, la pratique d’une personne englobe un ensemble de ces approches.

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L’anthropologie ouverte s’intéresse à toute la personne et à ses questions existentielles par rapport au sens vivant qu’elle a à découvrir. Nous sommes loin de l’horizon psychologique parce que le « moi » n’est pas le seul centre d’attention. De plus, la démarche anthropologique ne se confond pas avec l’accompagnement spirituel traditionnel. Ce dernier se déploie dans une visée religieuse explicite, comme chez les catholiques dont je fais partie. Le point de départ est souvent religieux et le cheminement est guidé, pour ne pas dire orienté, par les énoncés de foi, la culture religieuse et la lecture de la Bible. Cette lecture entre dans les schèmes de la tradition particulière à laquelle on appartient. À la limite, les divers points de départ ainsi que les chemins et les points d’arrivée sont comme connus à l’avance. Dans un tel cas, selon la personne accompagnatrice, l’accompagnement peut devenir le lieu d’un embrigadement et en arriver même à servir à modeler des clones humains. Il est possible d’échapper à ces difficultés en se centrant sur « ce qui parle » en nous.

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C’est marcher avec l’autre vers l’inconnu
L’anthropologie ouverte ne s’appuie pas sur une tradition religieuse particulière pour éclairer le vécu personnel. Au contraire, il s’agit d’une « marche avec » qui demeure attentive à ce qui ne manquera pas de se manifester au long du chemin; je veux dire la parole en nous au-delà du simple roman de nos histoires. De plus, lorsqu’elle réfère à un texte sacré, comme celui de la Bible, elle en fait une lecture anthropologique. Elle cherche à lire ce que tel énoncé veut dire dans l’expérience de la personne concernée. Elle avance avec courage vers l’inconnu qui attire.

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De plus, l’accompagnement spirituel en anthropologie ouverte n’ignore pas les divers référents en vogue et aussi ceux qui sont moins populaires. Son regard n’est pas non plus celui de ce que l’on appelle « Nouvel Âge ». Dans les années 1960-1970, cette constellation est apparue aux États-Unis et s’est répandue, entre autres au Québec, mais aussi dans le reste du Canada et en Europe. Cet esprit Nouvel Âge  encourage la construction d’amalgames puisant, ici et là, toutes sortes d’éléments. Il y a un intérêt certain pour les religions et les sagesses orientales ainsi que pour l’ésotérisme.

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Inspiré de la compréhension de l’être humain selon Denis Vasse

La démarche d’accompagnement en anthropologie ouverte se fonde sur une compréhension de l’être humain développée par le médecin, jésuite et psychanalyste Denis Vasse. Pendant près d’un demi-siècle, cet auteur prolifique s’est intéressé à exhumer les difficultés profondes du vécu humain, pour mieux les cartographier. Par exemple, lorsqu’il expose des problématiques fondamentales, tels l’inceste, la jalousie, la violence, etc., il le fait par rapport à la manière dont ces dernières impactent la structure anthropologique en barrant le chemin du sens.

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En chercheur clinicien, Vasse effectue un « va-et-vient » entre ce qu’il rencontre dans sa clinique psychanalytique, avec des enfants et des adultes, et ce qu’il est en mesure d’élaborer comme éclairage. Ses écrits sont vus assez souvent comme difficiles, voire rébarbatifs. C’est vrai que ceci arrive très souvent lorsque l’on s’attarde à son œuvre écrite avec le seul secours de la rationalité; c’est de là que vient la difficulté. Cependant, on peut lire en référant, nous aussi, à nos expériences personnelles dans un aller-retour. À cette condition, ce qui était obscur peut s’éclairer sous un jour tout à fait nouveau.
 
L’anthropologie ouverte éclaire la question du sens et du non-sens de la vie.

Elle se focalise sur le vivant dans sa dynamique fondamentale d’attraction-répulsion qui est de l’ordre du sujet désirant (la personne). C’est dans le cadre de ma recherche à la maîtrise et au doctorat, en même temps que je conservais une pratique minimale, que j’ai appris à lire son œuvre qui, il faut bien l’avouer, m’a emballé dès le premier abord. Ce que j’aime dans son œuvre écrite, c’est qu’elle permet de suivre à la trace nos mouvements intérieurs sans un regard moralisant. C’est une perspective ouverte qui ne cherche à encadrer personne dans un modèle théorique, mais se focalise sur le désir, au singulier et non pas au pluriel, et sur le dévoilement du sens. Ma compréhension de son œuvre a été consacrée lorsque je lui ai fait parvenir une copie de ma thèse, car il s’y est reconnu à quelques poils près. Ces différences mineures témoignent à la foi de la disparité de la culture européenne avec celle du Québec et de ce que je suis dans la vie. Claude n’est pas un clone de Denis, mais les deux se sont rejoints et Denis a encouragé Claude à poursuivre sa voie originale dans l’exploration de la spiritualité.

 

Pour revenir à Denis Vasse, pour le dire brièvement, ce dernier voit la personne humaine comme un être à cheval sur deux types de rapports : le premier mouvement concerne le fonctionnement du besoin, tandis que le second constitue la dynamique désirante. L’un et l’autre étant indissociables. Le besoin se comprend comme un rapport de force dans lequel est « consommé » ce qui répond à la nécessité de la survie. Ce qui ne correspond pas au besoin est tout simplement rejeté.  À l’inverse, la dynamique désirante instaure des rapports de communion dans lesquels les partenaires se rencontrent sans s’entredévorer. La Parole est le lieu symbolique dans lequel chacun trouve sa place d’humain. Les rapports de communion ne concernent pas seulement la survivance, mais débordent cette dernière par le ressenti du goût de la vie dans l’alliance des vivants entre eux. C’est le lieu où les différences peuvent s’accomplir dans l’unité de l’esprit.
 

À quoi s’attendre dans une démarche d’accompagnement spirituel dans cet horizon?

Vous aurez un lieu de parole dans lequel tout peut se dire sans gêne. Vous serez écouté dans le partage de votre histoire; ceci concerne le contenu de votre dire. Cependant, le regard anthropologique, porté par une écoute flottante, sera attentif à « ressentir » comment la vie parle, circule ou est entravée en vous, au-delà de tous les « moi » dont vous pouvez vous revêtir.

 

L’écoute anthropologique consiste à démêler les écheveaux qui entravent et limitent votre communion avec celui ou celle que vous êtes profondément dans la vie et non pas dans l’imaginaire. C’est un lieu où la parole peut se prendre sans devoir vous affronter au danger d’être réduit ou enfermé dans un dire aussi sacré puisse-t-il être.

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Dans cet accompagnement, nous partons en tandem pour explorer les traces de la vie enlisée dans les sables mouvants du désert. La réalité est que la vie du sujet désirant a peu de chance d’émerger sans notre permission et sans que nous apprenions à nous réconcilier avec le « mystère » qui vit en nous. C’est par la réconciliation que la source pourra graduellement enfin commencer à émerger; comme celle qui, si elle pouvait être désensablée, coulerait en transfigurant les lieux déserts en terre hospitalière.

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L’accompagnement peut toucher à différentes questions :
•    Qui suis-je, moi qui souffre dans la vie et qui devrai expérimenter l’expérience du mourir?
•    La violence omniprésente. 
•    Le désespoir.
•    L’inceste et la jalousie.
•    La quête de sens et faire face au non-sens.
•    Les questions morales et religieuses (au besoin).
•    Le sentiment de vide, d’absence et d’une vie fade.
•    Les pertes, les transitions, les départs…
•    La division intérieure et la désunion.
•    Et toute autre question existentielle qui pourra se manifester.

Je vous offre mon expérience et ma présence pour marcher avec vous

Je n’offre pas de réponses miracles, mais une présence nue : une présence, aussi désembourbée d’elle-même qu’il m’est possible de l’être. À travers plus de 25 ans de pratique clinique, j’ai accompagné plusieurs centaines de personnes surtout en milieu étudiant, en prison et dans le monde hospitalier. J’en ai arpenté des terres désolées. Il y a d’abord celles des personnes dont la situation ne comporte pas de grands drames ou d’éléments traumatiques. Il s’agit de problématiques assez répandues dans la population en général : la quête de sens, le questionnement existentiel, la recherche d’un mieux vivre. Il y a ensuite les difficultés liées aux pertes, en général, et au deuil, en particulier. Ces dernières sont un peu mitoyennes avec les suivantes, car des éléments plus ou moins dramatiques viennent s’ajouter. En troisième lieu, il y a les grands drames de l’existence. Les exemples sont nombreux. J’ai parcouru un bout de chemin avec des femmes battues, violées ou incestuées, des criminels des deux sexes, certains enfermés irrémédiablement dans la haine – comme si la haine devenait le sang qui circulent dans les veines - des gens qui ont tué, violé, incendié, des abuseurs sexuels, des personnes ravagées par l’alcool ou la drogue, des femmes qui se prostituent, des gens en soins palliatifs et des personnes très gravement malades, blessées ou au seuil d’une mort imminente. Cela donne un aperçu de l’éventail des avenues du « marcher avec » que j’aie rencontrées.

 

Je connais les terres désertiques intérieures

Bref, j’ai arpenté toutes sortes de déserts humains. La solitude, l’isolement, la désolation, la réduction à un statut d’objet ou à son mal, les rejetés de la société, les gens qui ont perdu leur dignité, m’ont conduit sur de multiples pistes. Souvent, il fallait presque deviner la direction du chemin tellement les traces étaient ténues; réduites à de la poussière reposant sur, ou bien en-dessous, d’autres types de poussières. Selon le désir et les circonstances, les accompagnements peuvent être ponctuels ou durer plus longtemps. Toutefois, c’est clopin-clopant que l’avancée dans l’aridité désertique s’est faite avec de très nombreuses personnes assoiffées de vivre autrement qu’à la force de leurs bras comme si elles se faisaient vivre.
 
Comme l’affirmait une publicité du temps de mon enfance, je pourrais dire : le désert, « Lui y connait ça! ». Je suis un marcheur des terres inhospitalières. Nos déserts ont des points communs les uns avec les autres, mais aussi des différences. C’est que nous sommes toutes et tous tissés avec un même fil, mais chacun et chacune de nous portons une signature inimitable. Cette expérience du terrain m’aide à écouter avec beaucoup de finesse. Celle-ci est très importante pour aider à déjouer les multiples mirages et à défaire les confusions qui nous perdent.

 

Une invitation à consentir à la vie qui parle en vous

Je vous offre donc la possibilité d’apprendre à affuter votre écoute pour mieux toucher et consentir à la vie qui parle en vous. Comme nous ne nous apportons pas au monde par nous même, il s’agit d‘une vie qui nous est donnée. Ensemble avec le support de vos ressources spirituelles, religieuses et culturelles nous pourrons risquer l’aventure vers l’inconnu qui appelle.

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Comme la parole s'adresse au cœur, nous chercherons ensemble à entendre le cri du cœur. Je le sais d’expérience - incluant la mienne – le parcours ne manquera ni d’avancées, ni de reculs. Et pas davantage de désorientations, de détours, de haltes pour le repos et d’hésitations. Puisqu’il s’agit d’une aventure qui n’est jamais terminée, du moins de ce côté-ci de la vie, le temps paraît interminable et l’issue improbable. C’est alors que le découragement risque de se faire sentir. Par-delà l’impossibilité appréhendée, comme l’illustre le désir du Renard dans Le Petit Prince, il y a lieu de se laisser apprivoiser par la vie qui nous habite en gardant ferme l’espoir en l’à-venir. 

Avec « Des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, un Cœur pour aimer! », nous pouvons goûter une vie neuve; vivante et non pas seulement aplatie à l’épaisseur d’une image. Nous sommes convoqués à accueillir la vie comme un don qui tient sa promesse et qui entraîne, hors de nos « moi », dans la vie communionnelle. Vie qui, sans se perdre, est offerte autant aux individus qu’à l’ensemble de l’humanité du début jusqu’à la fin et au-delà.

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Comme une traversée de désert

La traversée du désert révèle des capacités et des attitudes inconnues auparavant. La vie nouvelle qui coule de source est plus forte que n’importe quel désert. Elle se fait reconnaître comme l’altérité foncière qui nous fonde et nous unit en un corps vivant : la chair, l’humanité habitée par le souffle qui parle de la vie en deçà et au-delà des apparences.

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Ce changement d’horizon dévoile l’alternative du choix continuel auquel nous sommes confrontés: accueillir la vie comme un don à découvrir dans le temps de notre histoire ou refuser ce don en prétendant nous faire vivre par nous-mêmes. Toutefois, ce refus, ou le défaut de consentement nous dessèche en nous coupant de la source. Ainsi le désert demeure lui-même. À l’inverse du refus ou de l’empêchement, l’acquiescement au désir qui anime une personne, elle et pas une autre, fait pénétrer celle-ci, petit à petit, dans l’aventure de la dépossession de toutes les images qui rassurent, mais qui détournent de la voie royale du désir.

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Comme ce fut le cas avec la figure emblématique d’Abraham dans la Bible, l’humain est appelé à quitter l'univers du connu pour risquer l'aventure désaltérante et enivrante du cœur de celui ou de celle qui se laisse vivre en communion avec ce qui l’habite dans sa profondeur abyssale. Ce consentement requiert bien plus que la force de la volonté qui est incapable de réconciliation avec la vie dont elle dépend pour sa possibilité. Il nous faut l’audace de la confiance dans ce que nous ne pouvons faire : devenir les vivants que nous sommes sans que nous le sachions…

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Un regard neuf s’invite
Peuvent apparaître en cours de route des guérisons et des « miracles ». C’est important de le dire. Et c’est tout aussi important d’ajouter que, dans un accompagnement en anthropologie et spiritualité, on ne court pas après le sensationnel. À l’inverse de la logique pragmatique de nos sociétés occidentales contemporaines, il n’y a pas non plus de recherche de résultats immédiats, bien qu’il puisse s’en produire. Enfin, il ne s’agit pas de trucs faciles comme les gens en demandent souvent. La perspective de mon type d’intervention vit dans le présent tout en cherchant les traces quasi effacées dans le désert de la consommation. Un regard neuf s’invite; il a entendu l’immense cri de l’humanité qui a soif d’une eau vive.

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Vivre ainsi t’intéresse ou te questionne, alors prenons le temps de marcher côte à côte tout en explorant cette réalité dont la logique déborde de toutes parts celle du seul fonctionnement…

 

Claude Mailloux

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