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Qu'est-ce que l'accompagnement spirituel en anthropologie ouverte?

L’anthropologie ouverte s’intéresse à toute la personne et à ses questions existentielles par rapport au sens vivant qu’elle a à découvrir. Nous sommes loin de l’horizon psychologique


Il est important de savoir que l’accompagnement spirituel en anthropologie ouverte ne fonctionne pas dans des horizons psychologiques et religieux spécifiques. C’est une approche qui se démarque des autres. Prenons le temps de survoler rapidement diverses mouvances pour comprendre le changement d’horizon qui est proposé.


Dans une démarche psychologique, on s’attend à travailler des points précis comme le deuil, la violence, l’anxiété, la dépression, etc. Le, ou la, thérapeute guide l’aidé de manière à atteindre ses objectifs, mais c’est ce dernier qui fait tout le travail. La thérapie vise à renforcer le « moi » du client. De plus, la psychothérapie est une pratique réservée aux psychologues et aux psychothérapeutes reconnus pas l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ). Le traitement se fait à partir de modèles de psychologie proposés par diverses écoles de pensée, par exemple : les approches rogériennes, la gestalt, le mouvement cognitif-comportemental et bien d’autres. Souvent, la pratique d’une personne englobe un ensemble de ces approches.

« La démarche anthropologique ne se confond pas avec l’accompagnement spirituel traditionnel».

L’anthropologie ouverte s’intéresse à toute la personne et à ses questions existentielles par rapport au sens vivant qu’elle a à découvrir. Nous sommes loin de l’horizon psychologique parce que le « moi » n’est pas le seul centre d’attention. De plus, la démarche anthropologique ne se confond pas avec l’accompagnement spirituel traditionnel. Ce dernier se déploie dans une visée religieuse explicite, comme chez les catholiques dont je fais partie. Le point de départ est souvent religieux et le cheminement est guidé, pour ne pas dire orienté, par les énoncés de foi, la culture religieuse et la lecture de la Bible. Cette lecture entre dans les schèmes de la tradition particulière à laquelle on appartient. À la limite, les divers points de départ ainsi que les chemins et les points d’arrivée sont comme connus à l’avance. Dans un tel cas, selon la personne accompagnatrice, l’accompagnement peut devenir le lieu d’un embrigadement et en arriver même à servir à modeler des clones humains. Il est possible d’échapper à ces difficultés en se centrant sur « ce qui parle » en nous.


C'est marcher avec l'autre vers l'inconnu.


L’anthropologie ouverte ne s’appuie pas sur une tradition religieuse particulière pour éclairer le vécu personnel. Au contraire, il s’agit d’une « marche avec » qui demeure attentive à ce qui ne manquera pas de se manifester au long du chemin; je veux dire la parole en nous au-delà du simple roman de nos histoires. De plus, lorsqu’elle réfère à un texte sacré, comme celui de la Bible, elle en fait une lecture anthropologique. Elle cherche à lire ce que tel énoncé veut dire dans l’expérience de la personne concernée. Elle avance avec courage vers l’inconnu qui attire.


De plus, l’accompagnement spirituel en anthropologie ouverte n’ignore pas les divers référents en vogue et aussi ceux qui sont moins populaires. Son regard n’est pas non plus celui de ce que l’on appelle « Nouvel Âge ». Dans les années 1960-1970, cette constellation est apparue aux États-Unis et s’est répandue, entre autres au Québec, mais aussi dans le reste du Canada et en Europe. Cet esprit Nouvel Âge encourage la construction d’amalgames puisant, ici et là, toutes sortes d’éléments. Il y a un intérêt certain pour les religions et les sagesses orientales ainsi que pour l’ésotérisme.

« Elle se focalise sur le vivant dans sa dynamique fondamentale d’attraction-répulsion qui est de l’ordre du sujet désirant (la personne)».

Inspiré de la compréhension de l’être humain selon Denis Vasse


La démarche d’accompagnement en anthropologie ouverte se fonde sur une compréhension de l’être humain développée par le médecin, jésuite et psychanalyste Denis Vasse. Pendant près d’un demi-siècle, cet auteur prolifique s’est intéressé à exhumer les difficultés profondes du vécu humain, pour mieux les cartographier. Par exemple, lorsqu’il expose des problématiques fondamentales, tels l’inceste, la jalousie, la violence, etc., il le fait par rapport à la manière dont ces dernières impactent la structure anthropologique en barrant le chemin du sens.


En chercheur clinicien, Vasse effectue un « va-et-vient » entre ce qu’il rencontre dans sa clinique psychanalytique, avec des enfants et des adultes, et ce qu’il est en mesure d’élaborer comme éclairage. Ses écrits sont vus assez souvent comme difficiles, voire rébarbatifs. C’est vrai que ceci arrive très souvent lorsque l’on s’attarde à son œuvre écrite avec le seul secours de la rationalité; c’est de là que vient la difficulté. Cependant, on peut lire en référant, nous aussi, à nos expériences personnelles dans un aller-retour. À cette condition, ce qui était obscur peut s’éclairer sous un jour tout à fait nouveau.

L’anthropologie ouverte éclaire la question du sens et du non-sens de la vie. Elle se focalise sur le vivant dans sa dynamique fondamentale d’attraction-répulsion qui est de l’ordre du sujet désirant (la personne). C’est dans le cadre de ma recherche à la maîtrise et au doctorat, en même temps que je conservais une pratique minimale, que j’ai appris à lire son œuvre qui, il faut bien l’avouer, m’a emballé dès le premier abord.


Elle permet de suivre à la trace nos mouvements intérieurs sans un regard moralisant.


Ce que j’aime dans son œuvre écrite, c’est qu’elle permet de suivre à la trace nos mouvements intérieurs sans un regard moralisant. C’est une perspective ouverte qui ne cherche à encadrer personne dans un modèle théorique, mais se focalise sur le désir, au singulier et non pas au pluriel, et sur le dévoilement du sens. Ma compréhension de son œuvre a été consacrée lorsque je lui ai fait parvenir une copie de ma thèse, car il s’y est reconnu à quelques poils près. Ces différences mineures témoignent à la foi de la disparité de la culture européenne avec celle du Québec et de ce que je suis dans la vie. Claude n’est pas un clone de Denis, mais les deux se sont rejoints et Denis a encouragé Claude à poursuivre sa voie originale dans l’exploration de la spiritualité.


Pour revenir à Denis Vasse, pour le dire brièvement, ce dernier voit la personne humaine comme un être à cheval sur deux types de rapports : le premier mouvement concerne le fonctionnement du besoin, tandis que le second constitue la dynamique désirante. L’un et l’autre étant indissociables. Le besoin se comprend comme un rapport de force dans lequel est « consommé » ce qui répond à la nécessité de la survie. Ce qui ne correspond pas au besoin est tout simplement rejeté. À l’inverse, la dynamique désirante instaure des rapports de communion dans lesquels les partenaires se rencontrent sans s’entredévorer. La Parole est le lieu symbolique dans lequel chacun trouve sa place d’humain. Les rapports de communion ne concernent pas seulement la survivance, mais débordent cette dernière par le ressenti du goût de la vie dans l’alliance des vivants entre eux. C’est le lieu où les différences peuvent s’accomplir dans l’unité de l’esprit.


Ce blog se veut un lieu d'échange et de réflexion. Osez une parole plus bas!

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